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L’ÉCOLE QUI MARCHE — Une Sculpture Sociale

POUR UNE ÉXPERIMENTATION PERFORMATIVE D’UN ESPACE PUBLIC DE TRANSMISSION

“Il n’y a de canon académique, de curriculum établi, que pour une société qui n’éduque que pour assurer sa propre reproduction“ John Dewey

Comme l’ont montré de nombreux penseurs, l’espace public est « un des lieux où le pouvoir s’affirme et s’exerce, et sans doute sous la forme la plus subtile, celle de la violence symbolique, comme violence inaperçue» (Pierre Bourdieu). Il s’agit ici pour nous de travailler à contrecarrer ces mécanismes de domination.

Les enjeux abordés dans L’École qui Marche sont :

• L’art dans l’espace public comme forme de citoyenneté.

• La marche comme forme de désaliénation.

• La pluridisciplinarité comme forme de contre-spécialisation.

• L’expérimentation pédagogique comme volonté d’émancipation par le biais du développement de l’esprit critique.

 

CONTEXTE

 

Dans un monde où l’on est de plus en plus poussés à la spécialisation à outrance et au cloisonnement, nous réalisons que les possibilités de l’esprit critique sont dilués.

Nous prônons la richesse de l’ouverture à l’autre inconnu, ou mal connu. Nous pensons que pour ce faire, la forme la plus adéquate est le déplacement sur toutes ses formes. Du coup, nous choisissons le mouvement, la marche, comme mode d’action.

L’enjeu principal de ce désir artistique (projet) est de mettre en place une situation de production artistique collective pluridisciplinaire (par le biais de la transmission des savoirs) en mouvement, en marchant ; en traversant des pays, des territoires, l’histoire et ses problématiques spécifiques.

Pour ce faire, nous voulons concevoir un processus artistique à travers une pédagogie artistique non-formelle (parallèlement et en collaboration avec des pédagogies artistiques formelles, à savoir des écoles d’art et des universités) afin d’interroger l’individu en tant que citoyen et l’Art comme démarche émancipatrice ayant un impact sur son environnement, en vue d’une prise de conscience de l’espace public comme étant un support (canevas) de la chose politique.

Il s’agit des marches performatives émancipatrices.

Le cadre de ce projet est un ensemble de situations quasi insurrectionnelles qui ont abouti à 

des marches de foules créant un contexte d’émancipation civile. Ce sont des marches qu’ont eu lieu au 20ème siècle dans divers pays européens, comme la marche des paysans du Larzac de 1973 en France, les marches anti-nucléaires autour de Lemoiz de 1974 à 1980 au Pays Basque espagnol, la marche des Partisans de Yougoslavie en 1941, la marche des migrants en Grèce actuellement… et d’autres dont nous sommes à la recherche à l’heure qu’il est.

L’École qui marche aura lieu le long de ces parcours et traitera des enjeux mis en évidence à ces occasions-là.

Nous croyons sincèrement à la nécessité de la connaissance des enjeux du passé pour mieux comprendre et agir sur les enjeux du présent.

TERRITOIRE DE RECHERCHE

Nous considérons la théorie éducative selon laquelle l’élève apprend autant du professeur que le professeur apprend de l’élève comme un auxiliaire de la démocratie. Dans cette expérience, l’éducation se doit d’être aussi loin que possible de l’instruction ou de toute forme d’enrôlement des élèves, du dressage au conditionnement. L’idée qu’apprendre est enseigner par soi-même à travers l’expérience se trouve au coeur de nos réflexions. Il s’agit d’une pédagogie centrée sur l’expérimentation, l’action ; Apprendre est faire et vice versa.

L’expérience est quelque chose que l’on fait, non qui nous advient. Cela consiste en l’établissement d’une connexion entre le fait de ressentir et le fait de s’engager consécutivement dans une activité. Sans l’orientation et la canalisation que lui procure le fait d’être affecté et d’y ré-agir, une action n’est qu’une agitation.

Cette éducation repose sur l’implication du sujet dans l’objet de sa connaissance. En explorant son environnement, l’être s’explore lui-même. En observant la nature, il développe ses sens 

et par eux toutes ses facultés : « Exercer les sens n’est pas seulement en faire usage, c’est apprendre à bien juger par eux, c’est apprendre, pour ainsi dire, à sentir ; car nous ne savons ni toucher, ni voir, ni entendre, que comme nous avons appris à le faire. » (Jean-Jacques Rousseau).

Notre proposition est une expérimentation de l’enjeu apprendre à apprendre : devenir autonome, à travers une production artistique pluridisciplinaire.

Il ne s’agira pas d’un espace de sublimation de l’individualité mais de la mise en place de mécanismes collectifs afin d’aboutir à une prise de conscience de la chose commune et de l’être politique de chacun par le biais de diverses expérimentations tant artistiques que de transmission des savoirs.

Nous avons comme objectif de développer l’esprit critique individuel en vue d’une analyse profonde de la chose commune par le biais des arts.

Nous considérons l’esprit critique comme étant une approche objectivante visant à réduire les erreurs de jugement. C’est pour nous une discipline d’honnêteté intellectuelle permettant de lutter contre les mystifications, de prendre du recul par rapport à ses convictions. Il s’agit de préférer la réalité, même difficile ou complexe, à des illusions confortables ou à des simplifications abusives. L’esprit critique n’est pas le scepticisme et encore moins une forme de relativisme.

Les états psychologiques et les démarches d’esprit caractérisant l’esprit critique sont l’analyse, le doute, l’appréciation, le discernement, l’évaluation, le jugement et la réflexion. Les antonymes de l’esprit critique sont la confusion, les textes ou idées abscons, la contradiction, la crédulité, la superstition, le dogmatisme, le sectarisme, l’idéologie, le scientisme, la discontinuité et l’incohérence. La qualité première de la personne douée d’esprit critique est la lucidité. Il s’agit 

d’une disposition acquise qui s’appuie non sur une psychologie particulière (doute maladif ou sentiment de persécution) mais sur des impératifs logiques et épistémologiques.

ACTION

Ce projet se situe dans une continuité directe et logique de notre projet précédent « Mécanismes pour une Entente ». Il s’agit maintenant pour nous de continuer la recherche commencée alors, et d’approfondir les enjeux de démocratie dans le processus de création. Cette fois-ci, nous voulons -en construisant une sculpture sociale vivante, performative- aborder la pédagogie directement en tant que forme de citoyenneté et de dessiner les rapports entre les dynamiques de pensées individualisées et dynamiques de pensées structurelles, collectivisées, afin de créer de manière co-construite les conditions d’émergence de l’espace critique.

Nous voulons produire une série de workshops de deux mois (chaque workshop sera situé dans les régions spécifiques d’Europe où chaque marche eut lieu), où dans une démarche de déplacement par la marche nous créerons un processus créatif collectif et pluridisciplinaire. Lors de chaque workshop nous aborderons un ensemble d’enjeux liés à la réalité historique de sa région spécifique.

À cette fin, nous avons l’intention d’inviter des artistes et chercheurs dans divers domaines (anthropologues, sociologues, politologues, historiens, philosophes, géographes et d’autres) à participer dans ces marches en travaillant dans leurs domaines respectifs pour nourrir l’objectif

commun : la réalisation d’un processus de création et de transmission collective et multiforme. 

Nous avons la volonté de faire que ce processus soit durable, qu’il continue d’exister au-delà de nous-mêmes.

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