Séminaire Art of Suitcase
- LUNIK Asso
- 11 déc. 2018
- 8 min de lecture

Vendredi 30 novembre
Arrivé à l’hôtel Favorit Ludwigsburg vers 16h.
Petite balade dans le quartier de l’hôtel.
J’ai retrouvé les participants au séminaire dans le hall de l’hôtel à 16h45.
Nous sommes une vingtaine de personnes. Je ne connais aucune. Markus me reconnait. On n’a pas le temps de se dire grande chose.
On doit partir vers l’Institut. Je me rends compte que ce meeting ne concerne pas seulement « Arts out of Suitcases ». ’il ne s’agit pas seulement de projets artistiques
Sur le trajet, je discute avec une dame de l’Association des Personnes de Petite Taille. Elle est enseignante de français en Allemagne. Son projet est une rencontre d’une semaine entre personnes de petite taille afin qu’ils/elles puissent faire du sport entre personnes de petite taille sans être handicapés par la présence de personnes de taille moyenne..
Arrivés à l’Institut Franco-Allemand (DFI) vers 17h, on est accueillis généreusement par le staff de l’Institut. Il y a aussi une personne de la fondation Bosch (financeur principal de l’Institut). Pendant une heure le directeur du DFI nous raconte l’histoire de l’Institut, ses fondateurs, l’immeuble, les programmes… en trois langues ! Puis la dame de la fondation Bosch nous montre un film sur Robert Bosch et l’histoire de la multinationale Robert Bosch GmbH et sa fondation.
Par la suite, on nous invite à nous mélanger, discuter entre membres des différents projets. Très vite Markus me prie de le rejoindre avec deux autres afin de discuter. Nous quatre sommes en fait les organisateurs de « Arts out of Suitcases ». Markus Nieden (Filmboard Karlsruhe, e.V.), Natalia Zgadzaj (Krakowskie Forum Kultury), Kateryna Tretjakova (Apt - MOCT) et moi-même, Tomas Matauko (Lunik).
Nous faisons connaissance. Markus nous fait une présentation très générale du projet, précisant que c’est surtout demain que nous discuterons dans les détails. Il nous demande de réfléchir à une personne liée d’une manière ou autre à l’exil.
J’apprends que le lendemain nous allons devoir faire une présentation du projet. J’apprends qu’il n’y a pas vraiment de projet encore. Des gens vont se rejoindre pendant une semaine à Cracovie et un film documentaire sera fait. C’est à peu près tout ce que je sais à ce stade-là.
Un diner est préparé pour nous, avec des options véganes. C’est très bon, très copieux. Soupe, plat, salade, désert, vin…
Je dîne avec Kateryna. Elle est ukrainienne. Elle 18/20 ans. Elle est étudiante. Elle a participé à plusieurs Erasmus en Europe. Elle n’a pas encore beaucoup d’expérience, mais elle est très volontaire et motivée. Elle a été très impressionnée pas « Mécanismes Pour Une Entente ».
J’ai essayé de tisser lien avec d’autres personnes d’autres projets. Ça n’a pas été facile, ils parlent quasiment tous allemand entre eux. J’ai rencontré Achim Knick de EuropaRad Roßdorf. Il a un projet de tour d’Europe à vélo afin de sensibiliser les gens aux enjeux de l’Union Européenne. Il est très drôle.
En rentrant vers l’hôtel j’ai décidé de faire un tour nocturne en ville. Ludwigsburg est une petite ville pépère. Il y a un marché de noël. Apparemment c’est une tradition allemande. Je ne le savais pas. Tous les habitants de la ville se trouvent là. Ils boivent du vin chaud et mangent des saucisses et des truites. Ils sont très vite bourrés.
La vieille ville est piétonne et est couverte de magasins.
L’architecture est très saxonne aux façades lisses. Pas moyen d’escalader.
Je suis rentré à l’hôtel. Vers minuit et demi je dormais.
Samedi 1 décembre
7h30. Petit déjeuner à l’hôtel. Je suis le premier. Je suis très surpris. Achim apparaît. Nous discutons de son projet à vélo. Je me rends compte que c’est un bon vivant. Il a plus envie de voyager à vélo avec des gens sympas et passer un bon moment que de s’investir dans des problématiques liées aux enjeux de l’Union Européenne.
Vers 8h et quelques on se rejoint les quatre de « Arts out of Suitcases ». On discute de la présentation que nous allons faire. Natalia a amené son petit ami. Il est doctorant en histoire.
Markus va faire une présentation générale et chacun de nous autres trois allons parler de nos points d’intérêts du projet.
9h-12h Présentation des projets :
Collective Daydreaming around the woodfire – A mobile sheperd’s hut, dream cabin for everyone !
Volunteering on wheels
Handisport meeting and intercultural learning for 35 young disabled people
Pupils organize a European meeting between people of restricted growth
Today’s youth – Tomorrow’s Europe (Youth Encounter 2019)
Art out of Suitcases – in the footsteps of persecuted artists.
Markus présente le projet.
Art out of Suitcases est une Masterclass qui aura lieu au Krakowskie Forum Kulturny à Cracovie pendant une semaine. Il s’agit d’un ensemble de participants venus des pays organisateurs (France, Allemagne, Pologne et Ukraine). Basé sur le travail de diverses personnes ayant fui leur pays, nous allons étudier et revivre les problématiques de l’Art de l’exile. Cette expérience sera filmé et le film documentaire relatant l’expérience sera projeté au Filmfestival de Karlsruhe.
Markus a parlé du peintre allemand ukrainien Bruno Schulz.
Natalia a parlé du musicien polonais français Chopin.
Kateryna a parlé du poète Ukrainien Vasyl Simonenko.
J’ai parlé de ma nuit au poste de police de Bordeaux en 1997 (ayant droit à la nationalité française mais sans carte d’identité encore (ça a mis 4 ans), j’avais pas le droit de carte de séjour, dont pas document légal en France), des dernières années de la vie de Goya exilé à Bordeaux et du livre « Penser entre les langues » de Heinz Wismann, où il évoque la particularité des migrants de ne plus avoir une langue à soi, mais de naviguer entre les langues.
Nous avons déjeuné. Le menu était nouveau. Où est passé tout ce que nous n’avons pas fini la veille ? La moitié du dîner était resté intact.
Pendant ce déjeuner j’ai une participante (j’ai oublié son prénom) m’a parlé du Camp des Mille près d’Orange. Il s’agit d’un camp d’internement durant l’occupation Nazi où des artistes internés ont aménagé le lieu avec des œuvres d’art. Le lieu est visitable dans l’état. En autres, Max Ernst et Hans Bellmer ont participé.
Nous avons repris vers 13h. Un groupe restait pour finir les présentations :
Moving Europe together
Vers 13h30 un petit workshop est organisé par le DFI. Il s’agit des discussions entre « project managers » de différents pays et horizons. Il s’agit de comprendre le fait que chacune des structures, étant très différentes, fonctionnent de manières différentes et ont des stratégies différentes. C’était très riche pour beaucoup. De mon côté j’ai pu faire émerger la question de la rémunération des participants aux projets. Je me suis rendu compte que certains pensent qu’être défrayé est équivalent à être rémunéré. Aussi, je me suis rendu compte que pratiquement tout le monde est salarié quelque part et qu’ils sont impliqués dans leur projets de manière bénévole.
Un nouvel espace temporel était prévu pour des discussions inter-projets. Le directeur du DFI nous prête une pièce à l’étage de l’Institut à nous quatre pour finaliser nos discussions sur le projet. En effet, nous ne sommes pas du tout aussi avancés dans l’ingénierie du projet que les autres.
Nous avons parlé de :
Dates : Il a été fixé comme dates du 20 au 27 février à Cracovie. 20 et 27 sont les dates d’arrivé et de départ. 21 au 25 les dates de la Masterclass et le 26 date de la restitution.
Le film documentaire sera projeté lors d’un festival à Karlsruhe en avril.
Budget : Le DFI finance le projet à hauteur de 5000€. Le Filmboard Karlsruhe finance la production du film à hauteur de 1200€. Un crowndfunding va être lancé. Il s’agit d’un programme où La Volks Bank est impliquée. Si on réussit à collecter 1000€, la banque mettra 1000€ en plus.
Total : 7000€ (Masterclass) + 1200€ (film)
La totalité du budget partira dans les dépenses : voyages, logements, catering, une excursion, location des espaces de travail, traductions, petite production de la Masterclass.
Choix des participants : Il s’agit d’une Masterclass, À chacun de trouver les artistes dans leur ville, pays. Ils/elles doivent être sélectionnés par leur dégrée d’intérêt et implication. Ils/elles doivent venir avec de la matière intellectuelle pour travailler.
J’ai plus ou moins compris que Markus veut faire une performance avec eux.
Organisation : Nous ferons les réunions préparatoires à venir en ligne sur une plateforme à définir
On fera une réunion le jour d’arrivée à Cracovie (le 20 février) avec tous les participants.
16h. Une visite dans la ville est organisée. Nous visitons le château et la vieille ville. On parle de Napoléon et de l’OTAN, toujours dans le coin. De deux églises qui se font face dans la place où se situe le marché de noël. Les deux étaient protestantes à l’origine. L’une avait été construite pour accueillir les Huguenots. Aujourd’hui l’église des Huguenots est devenue une église catholique.
18h. On boit un verre dans le marché de noël. Je discute surtout avec l’interprète qui nous a fait la traduction simultanée pendant le séminaire. Elle est totalement bilingue, plus que moi. On a parlé de Heinz Wissmann et de la « Pensée entre les langues ».
Nous avons aussi parlé d’écologie et des Gilets Jaunes.
19h. Nous sommes allés dîner dans un restaurant italien. J’ai discuté avec Marilou d’abord, sur les Gilets Jaunes. Elle disait qu’on était en train de se faire voler une Révolution. Puis avec Ruxandra. Elle est née en Transylvanie au début des années 60. Elle a fui avec ses parents aux USA avant la chute de Ceausescu. Après la chute du Mur elle est allée en Allemagne, puis, avec une ONG allemande elle a travaillée contre la discrimination sexuelle en Afghanistan. Maintenant elle vit en France et participe au projet « A mobile Sheperd’s hut, dream cabin for everyone ! ».
J’ai adoré Ruxandra. J’espère vraiment la revoir un jour.
Nous avons pas mal bu. À 1h je dormais dans l’hôtel.
Dimanche 2 décembre
À 7h30 je suis à nouveau le première pour le petit déjeuner. Achim ne tarde pas à arriver. Puis deux autres. On discute des Gilets Jeunes, de la taxe des carburants, du carburant, de l’absence de taxe sur le kérosène, de l’injustice fiscale… À la fin nous étions une dizaine autour d’une petite table. J’étais fier. Les gens écoutaient vraiment ce que je disais. Mais ils n’avaient pas grande chose à dire.
9h. À l’Institut. Session de congratulations collective. Visite de la bibliothèque de l’Institut. Elle est spécialisée dans les relations Franco-Allemandes depuis la première guerre mondiale. Assez impressionnant. Surtout la réserve. J’ai pique un badge pour Marta.
10h. Petite visite de la « cabane du berger ». En effet, ils l’ont amené depuis France ! Nous étions 8 dedans. Petit poêle au bois. Nous avons entendu la mer, joué des instruments de musique étonnants et fait tourner des toupies invraisemblables. Nous avons répondu à des questions liées au rêve, au bonheur. C’était un moment très agréable, paisible, bienveillant et généreux.
11h. Le DFI a organisé un petit workshop de fin de séminaire. Deux équipes face à face avec une barrière visuelle au milieu. Trois personnes à droite, quatre à gauche. Toutes d’origines différentes parlant des langues différentes. Des langues communes, certes, mais aucune comprise par tous. À droite ils ont une architecture faite avec diverses pièces différentes, avec des couleurs différentes, en bois. À gauche les mêmes pièces, mais pas d’architecture faite, avec des couleurs qui ne correspondaient pas. Il y a même une pièce en plus. Ils doivent construire la même architecture en faisant usage seulement du langage. Nous autres, une quinzaine, observons muets. C’est un exercice bien intéressant. On observe tous les mécanismes du malentendu à l’œuvre, la mise en place des méthodes pour les contourner. Au final, après maintes péripéties, une seule pièce était mal placée.
Dispositif "On y va" proposé par Le Robert Bosch Stiftung
12h. J’ai dit au revoir à tout le monde. J’ai remercié tout le monde. Je suis parti à la gare.